La religion chrétienne à la différence des autres religions monothéistes n’est pas une religion de lieu mais une religion de sens. La direction essentielle est donc Est-Ouest qui suit la course du soleil et symbolise le christ venu sur terre pour sauver l’humanité. La nef, partie comprise entre le portail et le chœur, symbolise la marche de l’homme vers son Dieu, du baptême à l’eucharistie. C’est d’ailleurs pour cela que les baptistères sont le plus souvent placés près des portails d’église.
Le plan de l’édifice, d’une grande simplicité, comporte un chevet tréflé encadrant une haute tour lanterne précédée à l’ouest d’une nef unique de trois travées terminée par une seconde tour en façade. Son plan ressemble à celui des martyria (lieux de supplice d’un martyr contenant son tombeau ou ses reliques) et des baptistères. L’abside sud plus profonde aurait ainsi pu englober un tombeau.
Le bénitier situé à l’entrée est très ancien et semble être plutôt une cuve baptismale, cuve qui permettait de conserver l’eau bénite lors de la messe chrismale et qui donc devait être couverte pour éviter que l’eau soit corrompue.
Sur le mur sud on peut voir l’emplacement d’une ancienne porte. Permettait-elle d’accéder au cimetière ou au château directement ? Nul ne le sait.
Près de l’entrée se trouve une petite cuve carrée qui est très certainement un baptistère car elle possède au fond d’un de ses côtés un trou qui permettait l’écoulement de l’eau utilisée lors du rite du baptême. Juste au-dessus se trouve une petite armoire liturgique qui permettait de garder à portée de main les objets liturgiques nécessaires à la célébration du sacrement.
Sur un des chapiteaux de ce mur on peut apercevoir un blason contenant une croix latine. Et sur un autre 7 boules ou pommes représentant les 7 dons de l’Esprit Saint.
Sur le mur nord, on peut voir un tableau de 1831 de Chaspau représentant la crucifixion.
« Or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas et Marie de Magdala. Jésus donc voyant sa mère et se tenant près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : Femme voici ton fils Puis il dit au disciple : Voici ta mère. »
A gauche du tableau une ouverture murée qui correspond à l’ouverture surmontée d’une croix visible à l’extérieur. Ici, l’ouverture est plus grande permettant aux personnes de se redresser, de se tenir debout. Cela fait penser au texte de Marc « Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés: Je te l’ordonne, …, lève-toi, … »
A sa droite, une étrange ouverture dont on ne sait pas très bien à quoi elle pouvait servir sinon éclairer le lutrin, lutrin aux proportions impressionnantes pour un tel édifice et qui rappelle celui de Moirax. Ce dernier servait à recevoir l'antiphonaire, livre liturgique catholique rassemblant les partitions grégoriennes.
Cependant, l’attention est inévitablement attirée sur les parties basses de l’abside et des absidioles qui comportent des traces de constructions en petits moellons appartenant sans aucun doute à un
édifice antérieur. Leur présence atteste de la reprise de ce plan d’origine préromane par un premier maître d’œuvre vers l’extrême fin du 11ème siècle. Lors de cette première campagne, la cella carrée entourée de 3 chapelles rayonnantes fut construite, la nef devant suivre à l’achèvement des parties orientales. Mais il semble que cette campagne de construction s’interrompit avec l’effondrement de la tour de chœur, endommageant ainsi l’abside principale et provoquant de fait la reconstruction de ces éléments, vers le milieu du 12ème siècle. La construction de la nef se fit en suivant. Peu après, on éleva les voûtes de l’église.
La haute tour de chœur fut couverte d’une surprenante coupole, soutenue par deux arcs très épais s’entrecroisant en son centre. On peut rapprocher cette voûte de constructions hispaniques mais également d’édifices préromans des bords de la Loire.
Elle est composée de quatre peintures qui dateraient du 16ème siècle, délimitées par des arcs doubleaux, représentant les quatre évangélistes :
St Marc avec un long phylactère reconnaissable au lion dessiné près de lui
St Matthieu tenant un livre sur ses genoux qui est représenté avec un homme ailé
St Luc penché sur son ouvrage avec un animal couché près de lui qui ressemble à un taureau
St Jean en train de lire, avec un aigle au-dessus de son bras gauche
Sur la façade occidentale de la cella on peut voir une fresque représentant deux autels.
Entre les deux, le chapiteau représente un personnage les bras écarté entouré de lions dont un lèche sa main. Sûrement une représentation de Daniel dans la fosse aux lions, vu comme une préfiguration du Christ
Sur la face nord, on aperçoit un visage vomissant des serpents. Il est entouré de mains s’accrochant à l’astragale, d’un serpent mordant quelque chose et au-dessus 4 têtes. Certainement une représentation du mal et de l’enfer.
Sur la face orientale, le chapiteau porte 3 lions qui nous l’avons vu sont un symbole de force et de résurrection.
Au sud, le chapiteau porte seulement des palmettes, vision du paradis
Tout près de l’autel, nous trouvons Notre Dame de Lourdes. Celle-ci porte une longue ceinture bleue, la ceinture de Marie. La légende de la sainte ceinture circule depuis de nombreux siècles. Après la Résurrection du Christ, l’apôtre Thomas s’enfonçait dans l’incrédulité comme dans un gouffre sans fond. C’est Marie qui l’aurait rattrapé de justesse grâce à sa très longue ceinture.
Le 8 décembre se déroule à Aubiac la fête des Lumières, fête en l’honneur de Marie mise en place par l’ensemble des associations du village regroupées autour de la paroisse et de la mairie. Cette soirée festive attire de plus en plus de monde venant des villages voisins.
On peut aussi voir à l’intérieur de l’église de nombreuses marques lapidaires, signatures des tailleurs de pierre qui étaient payés à la tâche : lettres, croix, traits, flèches…
L’église servit pendant longtemps d’écrin à une Piéta, (italien pour «pitié»), du XVe siècle, en bois polychrome, retrouvée dans la tour Ouest de l'église où elle fut mise à l’abri en 1793 suite à un incendie.
Ce thème chrétien de souffrance et de mort est en vigueur entre les années 1350-1500 très marquées par de graves périodes d'épidémies de peste noire. La mère de Dieu, blessée dans son affection de mère, ne donne pas de leçon, elle se contente de porter sur ses genoux son fils mort. Elle épouse ainsi l’humanité meurtrie, désemparée, en délivrant un message d’amour à tous les blessés de la vie. Ce message de Marie, femme eucharistique, se retrouve dans les vitraux qui nous invitent à vivre l’eucharistie à l’école de Marie.
Ghislaine Durovray
Photos : Michel Teytau