Lamontjoie est une bastide c’est-à-dire un lieu de peuplement édifié au 13ème siècle à des fins stratégiques et économiques. Auparavant, le lieu était couvert de forêts. Sur le chemin de Saint Jacques, Lamontjoie se situe à 1063 km de Compostelle.
L’ancienne voie romaine « La peyrine » qui signifie pavée, empierrée, reliant Nérac à Astaffort, traversait le territoire de Lamontjoie. D’ailleurs, des vestiges d’une villa gallo-romaine ont été découverts ainsi que les restes d’un aqueduc près d’une source.
Photo: Louis-Michel Grévent
Les bastides portent des caractéristiques communes d’ordre politique, économique et évidemment architectural, correspondant à un essor urbain exceptionnel en Europe à cette époque.
D’un plan quasi-identique, elles s’étendent, dans la majorité des cas, autour d’une place centrale avec des rues qui se croisent à angle droit.
La bastide de Lamontjoie fut créée par le Sénéchal d’Agenais en 1298 alors que Philippe le Bel venait de reprendre l’Agenais aux anglais, afin de maintenir sa domination sur celui-ci.
Elle fut érigée sur un rocher dominant le confluent de deux ruisseaux où restent encore visibles les soubassements d’un moulin médiéval. A cette époque, les habitants de Laplagne (actuel cimetière) et le hameau de Daubèze (alors paroisse)subissaient des violences de la part des brigands réfugiés dans les bois.
Les habitants de Saint Hilaire de Daubèze réclament donc aide et protection royale contre les incursions ennemies. Montjoie signifie d’ailleurs hauteur stratégique. C’est aussi le cri national de Foi sur les champs de bataille : « Montjoie Saint Denis ».
Elle est confirmée en 1299 par Philippe le Bel qui accorde aux Montjoyards d’importants privilèges par une charte royale du 1er janvier 1298.
Cette dernière définit le fonctionnement économique et politique de la cité et permet notamment la constitution d’une jurade composée de 6 consuls élus pour un an par les habitants du village. Ils ont le droit de lever une taille sur les habitants pour les frais de la communauté. Ils possèdent aussi le privilège de la boucherie et du four banal et sont dépositaires des mesures de blé. Les justiciers qui exerçaient la haute, moyenne et basse justice étaient qu’en à eux, nommés. Le bailli (représentant du roi) doit jurer aux habitants d’observer leurs privilèges et de les défendre. Les consuls par contre ne sont soumis à aucun serment envers lui. Hommage et redevances sont dus seulement au Seigneur du lieu. Ils sont aussi tenus de fournir des soldats au roi. A partir de 1766, les consuls ne seront plus élus mais nommés par le roi.
Le village situé à la limite des possessions françaises et anglaises, changea souvent de maître.
Annexé en 1315 par le roi anglais puis délivré, il fut repris en 1439 par le Comte de Hultington, chassé par le Dauphin, fils de Charles VII. Ce n’est qu’en 1530 qu’il entre définitivement dans le Royaume de France. Par contre, il fut peu ou pas affecté par les guerres de religion. En 1365, il est fait obligation de porter les appels de justice auprès du bailli à Laplume.
Jusqu‘en 1623, un seul curé dessert l’église paroissiale. Le 29 juin 1623 est fondé par Antoine de Cous, le couvent des Cordeliers composé de 10 religieux. Ils furent expulsés en 1791
En 1639, fut créée une confrérie de Notre Dame.
Les clarisses présentes à Laplume depuis 1636 s’installèrent à Lamontjoie en 1667.
Texte: Ghislaine Durovray
Photos: Louis-Michel Grévent - archives Mairie - Google.