Samedi 11octobre, dans l’église de Moirax, les Happy Gospel Singers ont ravi leur auditoire.
Le sourire aux lèvres et le regard émerveillé, une spectatrice me livrait à la fin du concert : « Ils nous ont offert un récital, il n’y a pas d’autres mots, unique et exceptionnel ».
Dès leur arrivée, les choristes annoncent la couleur avec leurs voix claires, harmonieuses et puissantes, et leurs chemises colorées pour les hommes et tenues noires et écharpes chatoyantes pour les femmes.
Dès lors, la magie opère et la centaine de spectateurs présente est entraînée dans un formidable spectacle de près de deux heures, un délicieux voyage intemporel et spirituel.
Benoît Rottier, le chef de chœur, déroule devant nous les origines du gospel, en expliquant la raison d'être de chaque chant. « Des thèmes reviennent souvent, comme la conquête de la liberté, la libération des âmes, la longue route vers la terre promise, la fraternité dans la peine et la confiance en Dieu. » Des thèmes qui parlent encore aujourd'hui !
Le gospel est un chant religieux qui prend la suite des negro spirituals. Il s'est développé en même temps que le jazz et le blues primitif. Le mot issu du vieil anglais « godspell », signifie « Parole de Dieu ». S’il est incontestablement une révolte musicale, une expression de la souffrance des noirs récemment émancipés, il fait le plus souvent référence à Jésus-Christ et aux Évangiles, contrairement aux negro spirituals qui évoquaient plutôt des personnages de l'Ancien Testament.
Interprétant les grands standards comme « Alleluia », « Amazing grace », « Siyahamba », « Happy Day », ou « Oh when the Saints », ou bien d'autres chants qui le sont moins, ils ont fait vibrer un public conquis. Le concert évolue entre grand chœur, petits chœurs d’hommes et de femmes, entre gospel, negro spirituals, chants africains et jazz, agrémenté parfois de chants de diverses origines comme ce chant italien ramené d’un de leurs nombreux voyages. Un riche répertoire, la plupart du temps a capella, qui unit choristes et public dans un échange chaleureux et joyeux. En effet, ce dernier ne tarde pas à reprendre certains refrains. Benoit l’invite même à en mimer un, le faisant ainsi participer pleinement à l’aventure. Toute la durée du concert, les mains claquent en rythme, accompagnant les voix chaudes et éclatantes des chanteurs. Soudain, le chœur des femmes se déplace dans l’église, enveloppant le public. Lorsque les voix s’élèvent, le silence se fait, plongeant l’assemblée dans un recueillement impressionnant.
Il ne fait pas froid dans l’église de Moirax ce soir-là ! Un feu intérieur semble habiter l’assistance. Une petite lumière se met à briller, allumée par une spectatrice. Une seule petite lumière jaillissant des ténèbres ! Cette flamme qui brille est celle de l’amour, de l’amitié entre les peuples, les personnes. « C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12, 49). Malheureusement, elle restera seule ce soir-là!!
A la fin de la rencontre, le public leur a fait une standing ovation. Les choristes sortent en chantant sous des applaudissements nourris et le public les suit, comprenant, soudain, pourquoi cette chorale porte si parfaitement son nom. Le gospel est une parole joyeuse, une « Bonne Nouvelle » et à Moirax il prend, ce soir-là, tout son sens. Dieu a parlé, nous a parlé, bien plus, Dieu s’est fait conversation !
Ghislaine Derouvray
Photos : Sylviane Goudenhooft
Causeries en passant,
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