A Notre Dame de Peyragude...
Une fête des lumières...
Le 7 juillet, nous avons vécu un temps fort à Notre Dame de Peyragude, A 22H30, une horde de gentils touristes et autres visiteurs se sont emparé du parvis où le Père Jean Pierre Ortolan les a accueillis en comparant Notre dame de Peyragude à un phare dans la nuit.
Après un bref historique, ils ont pu entrer dans la basilique éclairée par des milliers de lumini, donnant une impression de plénitude et de paix. Un jardin de lumière, le jardin du OUI de Marie composé des 47 magnifiques vitraux de Jacques LEUZY, guirlande spirituelle où sont adroitement tressés les moments joyeux, douloureux et glorieux de Marie et Jésus.
Le sanctuaire trône désormais comme un château retranché, une citadelle massive. Ici, nul pont levis que celui du repentir et de la pénitence, nulle tour que Marie, tour d’ivoire. Le site est toujours régulièrement envahi mais cette fois par de pacifiques touristes et de joyeux pèlerins. Le fort a laissé place au sanctuaire de la paix. Les meurtrières d’où jaillissaient les flèches mortelles ont laissé place aux étroits vitraux lumineux qui rappellent les meurtrissures des cœurs unis de Jésus et de Marie d’où s’écoulent des fleuves d’eaux vives.
Ils ont ensuite poursuivi leur chemin vers la grotte dans le jardin du château, accompagnés par Ghislaine qui leur conta la légende de Peyragude.
« Il y a de cela fort longtemps, à l’ouest du château du roi, sur le plateau circulaire, d’où l’œil contemple avec délices les vallées de Sainte Foi de Penne et du Lot, une jeune bergère suivait les brebis de son modeste troupeau.
D’habitude, la jeune bergère aimait bien se reposer et tresser des couronnes de pâquerettes qu’elle offrait à sa Sainte Patronne, la Vierge Marie. Qui n’a jamais fait de couronnes de pâquerettes quand il était enfant? Pourtant, cette fleur poussant au ras du sol dans sa collerette blanche est si petite qu’on la remarque à peine. Elle n’est pas signe d’intelligence. Ne dit-on pas de quelque chose un peu bête : ça vole au ras des pâquerettes !
Parfois, elle les effeuillait gentiment « Je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie….. » De la même façon, Dieu effeuilla le verbe Aimer et écrivit Marie. Oui, Dieu nous aime jusqu’à la folie, à la folie de la croix. C’est ce que nous livre l’ange de la grotte qui porte un phylactère sur lequel est écrit en latin : « Christ est devenu obéissant pour nous jusqu'à la mort, la mort sur une croix. »
Cependant, aujourd’hui, le cœur de la fillette n’est pas à la fête. La famine régne alors dans ce coin du sud-ouest. Les vignes tendent au flanc des coteaux de longs bras noirs et décharnés, les champs et les prairies ne sont plus que déserts. Les moutons cherchent en vain quelques brins d’herbe ou des feuilles séchées. Soudain, un orage éclata et la jeune fille apeurée se dirigea vers cette roche aigüe qui s’avance en saillie au flanc du rocher où s’élevait naguère, menaçante la tour carrée du roi, afin de se mettre à l’abri.
Là, elle interrogea des yeux autour d’elle et se voyant bien seule, elle s’assit dans un angle qui la dérobait aux curieux. Quelle était donc cette peine que la jeunette voulait cacher à la terre entière pour ne la dire qu’à Dieu dans le creux de la pierre ? En fait, l’enfant avait faim et peur, peur de l’orage que l’on dit œuvre de sorcières et elle pleurait.
Tout à coup, là, près d’elle, voici que le rocher devint éclatant de lumière et, dans la clarté céleste, se dessinent peu à peu les traits d’une belle dame. On peut difficilement la décrire tant l’éblouissement est grand. Belle comme le jour, le soleil, la lune et les étoiles. Les arbres, l’herbe, les branches sombres se décoloraient devant tant d’éclat. Tout devenait transparent même la roche. Tout devenait lumière. Elle sourit à l’enfant qui la considérait les yeux toujours noyés de larmes. Parlant alors dans la langue du pays elle lui demanda ce qui la chagrinait ainsi. La petite redoublant de larmes lui expliqua qu’elle avait peur et qu’il n’y avait plus de pain pour nourrir sa famille,
- Calme-toi bonne fille, lève-toi bien vite et cours à la mère. Dis-lui de cuire un pain pour elle, un pour le père et un pour toi mais n’oublie pas, j’en veux ma part car moi aussi j’ai faim.
- Dame, dame, reprit l’enfant, il n’y a point de pain dans la demeure de mon père. Il y a 2 jours, ma mère m’a donné le dernier reste et ce matin je m’étais cachée pour demander l’aumône à Jésus et à sa mère.
- Enfant, la pâte fermente au pétrin, vous aurez du pain dans un instant. Va me chercher un morceau de pain dans la huche et revient, insista la belle dame, avec tant de force et de douceur qu’on avait nulle envie de lui résister.
La bergère obéit. Séchant ses larmes, elle rentra chez elle en courant et s’empressa de répéter à ses parents ce qu’elle venait d’entendre. Mais ses parents restèrent incrédules, se demandant si la faim ne lui avait pas donner quelques hallucinations. Cependant, devant l’insistance de leur fille, ils se laissèrent entrainer vers le pétrin. Et là, surprise !! Il était rempli de pain ! La dame avait dit vrai ! Quelle ne fut pas leur étonnement et leur joie de voir la pâte fermentée et prête à cuire. Ils accompagnèrent donc leur fille, ne mangeant point trop heureux de l’offrir à leur bienfaitrice. Mais celle-ci avait disparu laissant dans les ruines du château la petite statue qu'il nous reste.
C’est la grande dame du ciel qui nous a donné du pain, s’écria la fillette
La jeune fille alla déposer dans l’église du village, comme elle le faisait de ses couronnes de fleur, la statuette. Le lendemain, voulant aller la voir comme elle l’avait promis, elle ne la trouva pas. Elle monta donc à la Pierre Aigüe pour prier et en espérant revoir la Belle Dame de la veille. C’est là, à la même place, au creux de la mousse, que l’attendait la statuette. »
Textes et Photos: Ghislaine Durovray
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