Sainte Colombe vous invite à une promenade rurale à travers les noms des rues du village. Une table d’orientation, placée sur une ancienne table à dessin, devant la Mairie, vous en indique le sens de visite.
Le territoire appartenait à un petit pays boisé, le Brulhois. Ce nom signifie « Bord de rivière boisé ». C’est toute la bande de terre allant de la plaine alluviale aux coteaux gascons où le bois puis la vigne ont trouvé une terre de prédilection
La commune était couverte, pour les 2/3, en vigne qui assurait le revenu de l’ensemble de la communauté. Elle produisait un vin réputé qui pouvait tenir les voyages les plus longs même sur mer et se retrouvait ainsi sur la table des rois anglais.
La crise phylloxérique a complètement décimé le vignoble, cependant, il reste encore aujourd’hui trois propriétés viticoles sur son territoire :
Le domaine du Pech et le domaine de Sauvagnère qui produisent sous l’appellation Buzet
Le domaine du Bois de Simon qui produit aussi du Brulhois
Une maison de vigne, « la villa des chênes », oubliée dans le Bois Noir, fait penser à une maison de conte de fée endormie et nous rappelle le passé viticole de la commune.
Ce bois servit de planque pour les maquisards pendant la seconde guerre mondiale. Il doit son nom, non à son aspect, mais à l’essence des arbres le composant (châtaigniers,…) Un sorcier rendu célèbre par Jasmin dans son poème de Françounetto y vivait.
La culture de la vigne et du chanvre, autre production importante de la commune, demandait beaucoup de soin. On utilisait pour fumure, la colombine, fiente des pigeons. Le village possède d’ailleurs de nombreux pigeonniers dont certains mériteraient d’être restaurés. Le pigeonnier et l’ancien chai ont été transformés en crèche et halte-garderie
On trouvait aussi dans le village de nombreuses étables et il n’était pas rare de voir les troupeaux de vaches arpenter les ruelles comme ici en 1957
La fontaine et le lavoir du Rou ont été dernièrement magnifiquement restaurés par les Amis du Patrimoine.
Au fond de la fontaine couverte se trouvait autrefois une statue de Sainte Colombe car c’est ici que la légende du village trouve ses origines.
Une jeune inconnue s’arrêta un jour près de la fontaine, aux portes de la ville, pour s’abreuver. Des brigands s’en prirent à elle et l’égorgèrent. Deux colombes s’étant posées sur son corps, on décida de la nommer Colombe. En fait, le village est placé sous la protection de Sainte Colombe de Sens comme dit dans un article précédent.
Le récit de sa vie, rédigé sous Charles Martel, se réfère à une jeune « ibère », née en 258 et soi-disant fille d'un prince païen de Saragosse en Espagne, qui désirait consacrer sa vie à la foi chrétienne. Soutenue par quelques fidèles, elle serait partie depuis le sud de la Gaule pour rejoindre la ville de Vienne. La légende voudrait qu'assoiffée, elle obtenait par la prière que des sources jaillissent sur son parcours.
Arrivée à Sainte-Colombe-lès-Vienne, dans le Rhône, elle aurait reçu alors le baptême à 16 ans, en 274, sous le nom de Colombe. De là, elle se serait rendue au pays de Sens, en cette fin de IIIe siècle où elle sera martyrisée par Aurélien en raison de sa foi.
Échappant miraculeusement à la mort, elle sera finalement décapitée en dehors de la ville, le 31 décembre 274, à la fontaine dite d’Azon.
Sainte Colombe n’est vraisemblablement jamais passée dans notre village mais très rapidement les habitants semblent s’être appropriés l’histoire de Colombe pour expliquer le fondement de celui-ci. Ainsi, nous retrouvons les mêmes ingrédients: les deux colombes, la source, la mort par arme blanche,....
On trouve beaucoup de fontaines et de puits sur Sainte Colombe. La plupart des puits sont dans les jardins ou près des maisons. On peut voir cependant, une fontaine couverte au milieu de la côte de l’amandier et une autre au bas de la côte du pinson.
Tout près du lavoir, on peut voir des vestiges des anciens remparts.
Le village fut en effet, doté d’une double fortification. Certaines maisons ou lieux dits nous rappellent le lieu exact de ses limites : Camicas (la maison au pied du chemin), Marchant (qui est le nom ancien du chemin de ronde, chemin où passaient les troupes en armes), Palisse (ensemble de pieux fichés dans le sol à des fins défensives).
On peut encore les apercevoir dissimulés sous la végétation sur la route menant vers Agen, aujourd’hui route de l’amandier.
Ce nom lui a été donné car dans la côte près du tennis, se trouvait un amandier, aujourd’hui disparu, qui servit longtemps d’abri pour les premiers ébats amoureux. Il fut foudroyé dans les années 80 et la souche fut arrachée ces dernières années pour être remplacée par de jeunes plants.
Cet espace a été créé dans les années 60 suite à l’effondrement de la route, obligeant la municipalité à déplacer celle-ci plus à l’Est sur un piton rocheux. Ce lieu de rencontre où brillaient les feux de la Saint Jean puis plus tard la fameuse Sardinade qui fit la renommée du village, fut aménagé dernièrement en aire de jeux.
Devant la mairie, se trouvait autrefois un orme de plus d’un mètre de diamètre qui fut abattu car atteint de la graphiose. C’est sous cet ormeau qu’était rendu la justice et que se passaient les transactions commerciales. Le dessin sur lequel on peut voir quelques feuilles de l’ancien ormeau fut fait par un soldat pendant la seconde guerre mondiale.
On trouve d’autres arbres intéressants sur Sainte Colombe comme ce magnifique magnolia
Fin de la 1ère partie
Photos: louis-Michel Grevent Texte: Ghislaine Durovray
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