Aujourd’hui, 15 mai, le pape François célèbre à Rome la messe de canonisation de Charles de Foucauld et de six autres bienheureux dont trois Français.
Les textes du jour parlent du commandement nouveau que Jésus nous a légué en héritage : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres »
Réalisant pleinement ce commandement, Charles de Foucault a fait «de la religion un amour » comme le disait son père spirituel, l’abbé Huvelin.
Orphelin à six ans, il est élevé dans la tradition catholique par son grand-père maternel, Mais après sa confirmation, ses doutes sur la foi entrent en conflit avec ses certitudes religieuses. Il écrit: « J’avais été élevé chrétiennement mais, dès l’âge de quinze ou seize ans, toute foi avait disparu en moi. » « Je demeurai douze ans sans rien nier et sans rien croire, désespérant de la vérité, et ne croyant même pas en Dieu, aucune preuve ne me paraissant assez évidente. »
« A 17 ans j'étais tout égoïsme, tout vanité, tout impiété, tout désir du mal, j'étais comme affolé… »« J'étais dans la nuit. Je ne voyais plus Dieu ni les hommes : Il n’y avait plus que moi. »
S’ensuit alors, dans sa vie militaire, une période de plaisirs pour échapper au vide intérieur de sa vie. Il fut même mis hors cadres de l’armée en 1881 pour « indiscipline doublée d’inconduite notoire » ! Même son expédition au Maroc où il réalisera un remarquable travail scientifique ne comblera pas son désir profond. « Je dors longtemps. Je mange beaucoup. Je pense peu. »
Sa rencontre avec les musulmans, la manière dont il les voit prier, ravivera cependant en lui la recherche de Dieu et de la vérité. En octobre 1886, sa confession marque une conversion « foudroyante ». Saisi par l’Esprit, il ne veut désormais vivre que pour Dieu seul.
En 1890, il entre à la Trappe Notre Dame des Neiges en Ardèche pour embrasser la vie monastique. Cependant, ayant soif d’absolu, il la quitte pour la petite communauté trappiste très pauvre d’Akbès en Syrie, près d’Alep.
Sept ans plus tard, il demande à être relevé de ses vœux et part en Terre Sainte où il travaille comme jardinier chez les Clarisses de Nazareth. Voulant imiter Jésus, il y découvre ce qu’il appelle « la vie de Nazareth », une vie de présence et d’enfouissement au milieu des gens. C’est durant cette période qu’il écrit la plupart de ses méditations sur les évangiles.
Ordonné prêtre en 1901, il décide alors de partir pour le Sahara « vers les brebis les plus délaissées » d’abord à Béni-Abbès, et ensuite dans le massif du Hoggar à Tamanrasset afin de vivre au milieu des Touaregs. À leurs côtés, il comprend peu à peu qu’on peut vivre la spiritualité de Nazareth partout, dans toutes les situations. Il témoigne là-bas de Jésus par son esprit de fraternité et de pauvreté, sa curiosité empreinte de respect et sa prière régulière devant le Saint Sacrement. Sa vie se simplifie petit à petit autour de trois pôles :
- la prière,
- l’Eucharistie et
- la fraternité universelle.
La phrase de Saint Bernard « la mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure », occupera ses méditations tout au long de sa vie, se souvenant de ce que lui avait dit son père spirituel: « Il peut y avoir de l’excès en tout, excepté dans l’amour …. »
Pris dans une émeute entre tribus, il meurt assassiné le 1er décembre 1916. Cinq en plus tard, l’académicien René Bazin publiera une première biographie de Charles de Foucauld. Il sera béatifié en 2005 par le pape Benoît XVI.
Que Charles de Foucault nous aide à mieux entrer dans cet amour inconditionnel de Dieu pour chacun d’entre nous :
« Mon apostolat doit être l'apostolat de la bonté. Si l'on demande pourquoi je suis doux et bon, je dois dire : "Parce que je suis le serviteur d'un bien plus bon que moi". »
« Se demander en toute chose ce que penserait, dirait, ferait Jésus à notre place et le faire »
Photos et texte transmis par Ghislaine Durovray.